Comment l’histoire de la Lancer de Mitsubishi façonne la gamme primée d’aujourd’hui

Véritable légende du rallye, la Mitsubishi Lancer Evolution a rapidement développé un culte parmi les passionnés de conduite. C’est la 10ᵉ et dernière génération qui a débarqué sur le sol canadien en 2007, offrant aux passionnés d’automobile de ce pays une berline économique à quatre portes dont les performances défiaient l’entendement. La Lancer Evolution de dernière génération a été vendue jusqu’en 2015, marquant la fin du parcours de l’une des meilleures berlines haute performance que le monde ait jamais connues.

Avant que la Lancer Evolution, ou « Evo » comme elle est communément appelée, ne soit homologuée pour les courses du groupe A en 1993, son prédécesseur, la Galant VR-4, a jeté les bases et introduit en 1988 un système de traction intégrale informatisé qui comprenait une direction à quatre roues, le freinage ABS aux quatre roues et une suspension indépendante aux quatre roues, régies par un cerveau électronique. Il s’agissait d’une technologie de pointe qui n’avait jamais été utilisée auparavant.

La technologie connaîtra une évolution (sans jeu de mots) au fil des générations successives de l’Evo. En 2007, elle a reçu le nom de super contrôle intégral ou S-AWC. La dernière itération de cette technologie se trouve aujourd’hui dans les Mitsubishi Outlander, Outlander PHEV et Eclipse Cross.

L’une des personnes clés à l’origine de cette technologie était et est toujours Kaoru Sawase, ingénieur chez Mitsubishi Motors au Japon. Connu dans la communauté Mitsubishi comme le parrain du S-AWC, son premier projet lorsqu’il s’est joint à l’entreprise en 1988 a été la Galant VR-4. Il s’est intéressé à la technologie de la traction intégrale après avoir frôlé la mort sur une route de montagne enneigée alors qu’il était jeune étudiant. Évoluer dans le milieu de la technologie chez Mitsubishi était un rêve devenu réalité pour lui, et il était particulièrement intéressé par l’application de cette technologie aux courses de rallye.

Après avoir étudié les systèmes avancés de traction intégrale de la Porsche 959 et de la Nissan GT-R, M. Sawase a proposé une version adaptée à une plateforme à traction avant, mais aussi une version améliorée par rapport à ce que Porsche et Nissan avaient conçu. Le résultat? Un système de traction intégrale à différentiel central commandé électroniquement qui a permis à Mitsubishi de remporter de nombreux succès en rallye.

Lorsque la Lancer Evolution I a fait ses débuts en 1992, elle était équipée du célèbre moteur 4G63 et du système de traction intégrale de la Galant VR-4. La Lancer, plus légère et plus agile, était une véritable fusée dotée d’une accélération féroce et d’une vitesse maximale de 228 km/h, ce qui est rapide aujourd’hui et l’était encore plus il y a 30 ans.

Pilotée par Tommi Mäkinen, la Lancer Evolution a été une force inarrêtable dans le Championnat du monde des rallyes au milieu et à la fin des années 90. En 1996, la Lancer Evolution IV a été équipée du contrôle actif du lacet, également développé par M. Sawase. Le contrôle actif du lacet était un nouveau système ingénieux capable de transférer le couple moteur latéralement entre les roues arrière. Avant le contrôle actif du lacet, le couple ne pouvait être transféré que de l’essieu arrière à l’essieu avant ou inversement. Le contrôle actif du lacet était également commandé de manière entièrement électronique et ne nécessitait aucune intervention de la part du conducteur.

La Lancer Evolution n’était pas plus difficile à conduire qu’une autre voiture, mais ses capacités dépassaient largement celles d’une berline compacte moyenne. Dans une célèbre scène de l’émission Top Gear de la BBC, l’animateur Jeremy Clarkson n’a aucun mal à suivre une Lamborghini de 340 000 dollars également équipée d’un système de traction intégrale avancé. L’humble petite Lancer a été dotée des capacités d’une voiture sport haute performance, et ce, en grande partie grâce à l’ingénieuse invention de M. Sawase.

 

Le contrôle actif du lacet a été le premier exemple au monde de la vectorisation du couple telle qu’elle est plus communément connue aujourd’hui dans l’industrie. En étant capable de contrôler finement la quantité de couple fournie à chaque roue arrière, il peut aider activement une voiture à prendre des virages plus rapidement, ce qui est excellent pour le sport automobile, mais encore meilleur pour la traction dans des conditions glissantes. M. Sawase savait que la traction intégrale était une caractéristique de performance. Mais son objectif premier était de rendre les voitures plus sécuritaires et plus faciles à conduire.

L’Evolution VIII a été la première génération à arriver aux États-Unis, mais toujours pas au Canada en raison de problèmes de réglementation. La Subaru Impreza WRX, la rivale directe de la Lancer, y avait été commercialisée l’année précédente et avait rapidement connu du succès. Ce n’est qu’en 2007, lorsque l’Evolution X a été mise en vente, que les Canadiens ont enfin pu se rendre chez un concessionnaire Mitsubishi et en acheter une. La dernière Lancer Evolution a été vendue ici en 2014, et le modèle Lancer a été abandonné en 2016.


Cependant, cet héritage de la course et le dévouement de M. Sawase au S-AWC se perpétuent. La génération actuelle d’Outlander PHEV de Mitsubishi utilise la version la plus moderne de cette technologie, avec des moteurs électriques et aucune connexion mécanique entre les essieux avant et arrière. Bien que le matériel soit complètement différent, les principes de fonctionnement du système sont directement liés à ceux utilisés par la Lancer Evolution.

Mitsubishi s’est retirée du Championnat du monde des rallyes en 2010, deux ans après que son grand rival Subaru ait fait de même. M. Sawase se souvient encore avec émotion de l’époque glorieuse de la Lancer Evo, et il garde l’espoir que Mitsubishi revienne un jour dans ce sport.

Il y a deux ans, l’entreprise a inscrit sa camionnette Triton au Asian Cross Country Rallye organisé près de la Thaïlande et l’a emporté, prouvant ainsi qu’elle a toujours ce qu’il faut pour être compétitive. Mitsubishi a participé à nouveau en 2023 et a récemment annoncé qu’elle reviendrait pour l’édition 2024, cette fois avec sa nouvelle génération de Triton, plus puissante et préparée pour le rallye.

Mitsubishi s’est tournée vers les multisegments, les VUS et les véhicules électriques alors que le marché se détourne des berlines, mais les systèmes de traction intégrale tels que ceux utilisés dans une nouvelle Mitsubishi bénéficient grandement de l’expertise d’ingénierie de M. Sawase. Les technologies présentes dans le super contrôle intégral, telles que le contrôle actif du lacet, ne se contentent pas d’augmenter les performances, elles ont également rendu les véhicules plus sécuritaires et plus faciles à manier par mauvais temps.

Alors que la majorité des Canadiens achètent aujourd’hui des véhicules à traction intégrale, il est rafraîchissant de comprendre les racines du système S-AWC de Mitsubishi. Même si la Lancer n’est plus fabriquée, son esprit de conquête brûle toujours au sein de l’entreprise.